Machine à café
L’IA : entretien croisé chez 2exVia
IA par ci, IA par là. On entend ce mot partout en ce moment. “GROS TITRE : L’Université de Strasbourg a interdit l’utilisation de l’IA par les étudiants”, ou “Jingle radio - Chat GPT : des illustrateurs portent plainte contre trucmuche pour violation de la propriété intellectuelle”. Mais “IA”, qu'èsaquo ?
C’en était trop pour notre rédactrice. En quête de réponse, plume à la main, elle quitta son bureau pour questionner les premiers concernés : un développeur et un graphiste 2exVia, Julien et William.
Charlotte : Expliquez moi comme si j’avais 3 ans. L’IA, qu’est-ce que c’est ?
Julien : Je vais demander à Chat GPT.
William : Eh ! Tu me voles ma blague !
Julien : Demandons à la CNIL (ndlr : la Commission nationale de l'informatique et des libertés). Hmmm… “l’intelligence artificielle représente tout outil utilisé par une machine afin de “reproduire des comportements liés aux humains, tels que le raisonnement, la planification et la créativité ”c’est un peu nul comme définition pour moi.
William : Je suis d’accord. Pour moi, l’IA, c’est une technologie qui peut donner l’impression à l’utilisateur de l’outil qu’il peut avoir une réflexion ou des facultés de penser, de tri, ou de décision, qui peuvent faire croire qu’il s’agit d’un humain derrière. Bien plus encore, l’IA me plonge dans mes souvenirs. Quand j’ai reçu mon premier ordinateur, je rêvais qu’il soit doté d’un outil conversationnel ! L’IA pour moi c’est également ça, le rêve du robot qui a une conscience, qui réfléchit.
Charlotte : L’IA, on en parle beaucoup à la fac, dans le journalisme, etc. Comment impacte-t-elle ou participe-t-elle à vos métiers de développeur ou graphiste ?
Julien : L’IA dans le développement web, ce n’est pas forcément une problématique. Prenons l’exemple de ChatGPT. Il sait déjà faire une partie du métier, mais je pense qu’il lui manque un aspect humain, du recul, une conscience quelque chose comme une vision globale. Même s’il sait faire des tâches peu qualifiées, il lui manque un “esprit” pour franchir un certain palier de compétence et d’autonomie.
William : Les outils graphiques et design intégrant l’intelligence artificielle existent depuis un moment : pour soulager tâches répétitives c’est le top ! L’IA permet de raccourcir des tâches rébarbatives comme le détourage et permet de se concentrer sur la direction artistique, le sens des images, la créativité ! En tant que graphiste, c’est satisfaisant et plus épanouissant de travailler ainsi, mais l'intérêt est surtout pour les clients qui sont servis plus vite. Je me surprends à avoir recours aux outils d’IA pour beaucoup de choses, comme l’augmentation de la définition de certaines images.
Charlotte : Vous la voyez comme un potentiel outil ou un ennemi ? Si on prend l’exemple de la calculatrice il y a 50 ans, c’est devenu un outil et pas un ennemi !
Julien : L’IA, c’est un outil, point barre. Si elle est bien utilisée, elle permet de gagner du temps. La polémique du remplacement ou de l’ennemi est stérile.
William : L’IA se basant sur de la génération d’image à partir de travaux préexistants, les illustrateurs qui ont gardé l'ambition de créer de la nouveauté n’ont pas à avoir peur de celle-ci ! Mais de ce point de vue, il est vrai que cette technologie est injuste pour les illustrateurs qui ont un style bien défini, une patte, une touche : une fois que l’IA l’a intégré et qu’elle peut le reproduire, cela pose des problèmes de droits d’auteurs et d’éthique. A voir donc comment la législation évoluera… Dans tous les cas, ce sont des outils impressionnants, qui pour les graphistes, s’ils sont utilisés de manière éthique, peuvent être comparés à l’usage quotidien de Google pour les personnes communes.
Charlotte : Comment pensez-vous que l’IA s’intégrera dans les métiers du web et de la communication à l’avenir ?
Julien : Comme un outil à part entière, dont il faudra apprendre à se servir.
William : Idem, comme un outil utile. Dans les phases de préparation graphique, l’IA est un véritable renfort dans la réflexion concernant les habitudes de consommation et plus largement, du consommateur. De plus, elle apporte des éléments auxquels on aurait pas pensé au départ, surtout pour un graphiste ! Par exemple, à partir du prompt (ndlr : la suite de mots soumise à l’IA à partir de laquelle doit dégager une image) l’IA générera une image parfois aux antipodes de ce que nous avions pu penser et cela donne une autre perspective !
Charlotte : Une dernière pour la route, ChatGPT, vous en pensez quoi ?
Julien : Chat GPT reste un programme informatique avec ses qualités et ses défauts, limité par définition. Il faut en connaître les limites pour ne pas accorder trop d’importance aux résultats fournis, pouvant être carrément faux. Si tu prends l’exemple du calcul faussé par le fait que l’interlocuteur dit “ma femme a toujours raison”, Chat GPT ploie !
Christophe : C’est la vérité diplomatique, au final…
Charlotte : Ah non, vous n’intervenez pas tous !
William : ChatGPT sait faire un tri dans les arguments marketing. Par exemple il sortira de très bonnes listes de qualités pour etre une agence web ! Mais dans la réalité il reste limité.
Charlotte Caravelas
Rédactrice / CM